"Il est toujours là, près de nous": 10 ans après sa disparition, la mémoire de Jules Bianchi toujours les coeurs

Ce matin, les messages rimant avec hommage vont à nouveau fleurir tous azimuts dans les médias, sur les réseaux. Quelques mots d’amour accompagnés d’une image de son visage d’ange, sourire radieux accroché aux lèvres. Autant de témoignages pour lui signifier que ses proches, ses amis, ses fans, ses potes pilotes, ses adversaires d’hier et d’avant-hier, sur les tourniquets de la planète karting ou sur la piste aux étoiles estampillée F1, ne l’oublient pas.
Plongé dans un coma irréversible depuis l’accident dramatique qui n’aurait jamais dû se produire au virage de ce dantesque Grand Prix du Japon 2014 - un violent choc contre un engin de dépannage en intervention au bord du tracé de Suzuka rendu ultra-glissant par le passage d’un typhon -, neuf mois plus tôt, Jules Bianchi s’en est allé le vendredi 17 juillet 2015. à Nice, sa ville natale.
Jean Alesi: "J’ai toujours l’impression de l’avoir croisé hier"Il y a dix ans. En pleine jeunesse. À vingt-cinq printemps. Parti tellement trop tôt alors que l’avenir lui appartenait. Alors qu’il se battait au volant de la modeste Marussia frappée du numéro 17 pour prolonger sa trajectoire ascendante. Pour aller plus vite, plus loin, plus haut. Au bout du rêve devenu sien le jour où, tout gamin, il avait bouclé ses premiers tours volant en main sur le tarmac de la Siesta, à Antibes, comme un certain Alain Prost, jadis...
"Jules, j’ai toujours l’impression de l’avoir croisé hier", nous confiait encore récemment Jean Alesi, le président du circuit Paul-Ricard rencontré dans le paddock, à deux pas de l’allée Jules Bianchi honorant la mémoire du pilote ayant grandi non loin du plateau du Castellet, du côté de Brignoles où son père, Philippe, tenait les commandes de la piste de karting.
"C’était toujours un bonheur de passer du temps avec lui. En tant que capitaine de l’équipe de France FFSA Circuit, je l’ai suivi tout au long de sa progression, entre autres lors de ses débuts retentissants en monoplace (champion de France de Formule Renault dès sa saison 1, en 2007, le premier depuis... Prost, en 1976, ndlr). "On s’est rendu compte illico qu’il gravirait rapidement les échelons jusqu’au top niveau. D’autant plus à partir du moment où Nicolas Todt (son manager) a décidé de miser sur lui, et quand la Ferrari Driver Academy lui a ouvert ses portes. Le chemin était tracé..."
Une association pour "ne jamais rien lâcher"Pour Jean d’Avignon, Jules "a laissé l’image d’un garçon solaire, avec une vraie prestance. Il est toujours là, près de nous, dans nos cœurs. Grâce à sa famille qui œuvre inlassablement afin d’entretenir le souvenir".
Christine et Philippe, les parents, Mélanie, la grande sœur, Tom, le petit frère, respectent en effet à la lettre le mantra de leur cher disparu. "Ne jamais rien lâcher" est devenu la devise de l’association Jules Bianchi. Depuis 2016, des fonds sont récoltés à travers différentes manifestations pour soutenir l’Unité de soins des cérébrolésés de l’hôpital L’Archet, à Nice. Le service qui avait pris en charge le pilote après son rapatriement sanitaire du Japon.
Le 21 mai dernier, en préambule du Grand Prix de Monaco, le traditionnel match de gala placé sous le signe de la solidarité a vu s’affronter sur la pelouse du stade Louis-II des figures emblématiques du sport automobile et du football.
Philippe Bianchi: "Le fils, le frère, l’ami, quelqu’un d’exceptionnel""Cette initiative au profit de l’association JB#17 nous a profondément touchés parce qu’elle réunissait plusieurs pilotes de F1 juste avant une course qui comptait beaucoup pour Jules", souligne Philippe Bianchi, lui-même organisateur du fameux Marathon Karting remis en route au Castellet avec le soutien du "filleul", Charles Leclerc (voir ci-après).
"Jules, c’était un compétiteur insatiable", poursuit le papa meurtri à vie. "Il se battait comme un lion. Sans cesse. D’abord pour gagner, à chaque étage, Formule Renault, F3, GP2. Et puis pour ne pas finir dernier avec la Marussia. En espérant obtenir dès que possible un volant qui lui permettrait de retrouver les avant-postes. Mais au-delà du pilote, il y avait l’homme. Le fils. Le frère. L’ami. Quelqu’un d’exceptionnel. Dix ans après, en parlant de lui ici et là, parfois avec des gens, jeunes et moins jeunes, qui ne l’ont jamais rencontré, je mesure à quel point il a marqué les esprits".
Le 10e Marathon Karting fera le plein au Castellet
Créé en 2002 à Brignoles, relancé en 2023 sur la piste de karting du circuit Paul-Ricard, le Marathon Jules-Bianchi négociera le virage de sa 10e édition dans deux mois. Les 12, 13 et 14 septembre, pas moins de 35 équipages - de 5 à 20 pilotes - s’affronteront encore jour et nuit durant 42 heures, 19 minutes et 50 secondes très exactement. L’an dernier, un certain Charles Leclerc, engagé avec ses copains d’enfance, avait décroché la victoire après une bagarre féroce.
Qui le rejoindra au palmarès cette année? Seule certitude: il y aura encore du beau monde sur la grille de départ de l’épreuve orchestrée par Philippe Bianchi et Franck Lagorce au profit de l’association Jules Bianchi. Entre autres VIP’s, sont en effet attendus Catherine Davydzenka, Stéphane Blancafort, Anthony Delon, David Hallyday, Benjamin Biolay, Claudio Capéo, Camille Lacourt...
CONTACT : [email protected]
Nice Matin